Château d’HeinsteinPoursuivant alors ton infernale descente au cœur du puits des âmes, tu t’interroges sur l’absence totale de gardiens ou de moyen de défense, comme si l’entrée des enfers était libre d’accès.
Il est vrai que pour un mortel non éveillé au 8eme sens, le simple fait de pénétrer en ces lieux revenait à devenir l’esclave d’Hadès, mais pour un immortel, pour toi, c’était une vraie promenade de santé, à ceci près que cela manquait cruellement d’intérêt à tes yeux.
Focalisant plutôt ta concentration sur les sombres énergies t'entourant, tu les suis sachant pertinemment d’où elles émanent et qu’ainsi, tu ne sauras te perdre dans les méandres obscures de ce dédale dimensionnel aux dimensions pantagruéliques.
Et c'est au terme d'une interminable descente dans le noir le plus complet que seul tes flammes venaient éclairer que tes yeux perçoivent au fond du tunnel, non pas l’entrée des enfers, mais un gigantesque éboulis de roche, un véritable bouchon interdisant à tous l’entrée physique du monde souterrain.
Cela aurait sans doute put retenir un mortel, mais cela ne te retiendra pas.
Te saisissant de ta lance ardente, tu ne ralentis ni ne change alors ta trajectoire, envoyant ton quadrige droit sur le bouchon rocheux alors que tenant d’une main les rennes, tu brandis de l’autre ton arme divine.
Dans un geste mûrement préparé, tu armes peu à peu ton bras, chargeant ton arme de ton énergie dévastatrice, faisant ainsi enfler encore et encore son pouvoir, le pouvoir de tout transpercer sans jamais plier.
Arme déicide, tu l'avais conçus dans le seul but d’un jour pouvoir te jouer de l’égide d’Athéna la bâtarde, mais en attendant ce jour heureux, c’est cet incommodant amas de gravats et de roche qui en ferait les frais.
Encore quelques centaines de mètres avant l’impact. Peut-être que ton seul char aurait suffi à percer cette barrière improbable, sans doute plus accidentelle que voulue, mais tu ne saurais résister à l’opportunité d’user de ton arme mortelle, même si alors ce n’est que pour détruire quelques grotesques amoncellement rocheux.
Et alors que ta lance atteint sa limite, crépitant d’énergie et tremblant dans ta main ferme, tu la lances tel un éclair écarlate dans la voie que tu veux emprunter.
Ce n'est que lorsque le pouvoir de l’arme fut libéré de tes mains que tu réalisas à quel point tu l’avais rendu surpuissante.
Lorsque dans un maelstrom de feu et d’éclair, ton arme embrasa littéralement le puits des âmes de sa puissance, balayant les esprits s’y trouvant et pulvérisant tout sur son passage sur une distance incroyablement plus grande que tu ne l’aurais crus au premier abords.
Ainsi c’était pour cela qu’aucun être physique avant toi n’avait pu emprunter cette voie. Elle n’était pas obstruée sur seulement quelques centaines de mètres, ni même sur quelques kilomètres, mais bien sur une distance infiniment plus grande, que seul un marcheur du ciel pourrait abattre en une vie sans auparavant mourir d’épuisement.
T’engouffrant alors dans l’immense tunnel incandescent que ton arme creuse encore pour toi, tu te demandes alors si le tunnel sera suffisamment long pour parvenir à stopper la course de ta lance, ou si quelques malheureux en feront les frais de l’autre côté lorsqu'elle en aurait finie avec la roche.
Souriant de toutes tes dents à cette possibilité, tu sais qu’il n’y a qu’un moyen de le savoir et abattant encore et encore les rennes sur tes coursiers, tu emplies à présent le vaste tunnel de tes flammes alors qu’au loin devant toi, brille encore ton arme, avançant sans relâche au travers de la roche sans sembler ralentir le moins du monde, avançant encore et encore jusqu’au moment où le rouge laisse alors la place au blanc, puis à des teintes plus nuancées, et qu'un souffle de vent frais te parvient comme après ouverture d'un conduit trop longtemps bouché.
Enfin la sortie !
Entrée des enfers