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je viens d'iciAinsi avait-elle lancé un dernier regard à sa famille avant de rejoindre son temple. Sa gentillesse envers Hermès la surprenait elle-même. Elle qui était la déesse de la Lune, l'une des trois grandes déesses vierges, autrement plus redoutée que la Sage Athéna. Combien d'hommes avaient péri pour l'avoir seulement contemplée ? Même les géants n'étaient pas à l'abri de sa vengeance. Seule et sans armée sacrée, elle n'en demeurait pas moins, une tueuse redoutable. Orion en était l'un des exemples les plus frappants. Ce géant violeur qui avait tenté d'abuser de la déesse de la Chasse n'avait pas attendu de recevoir la colère de Zeus. L'indomptable Artémis lui avait réglé son compte bien avant, seule et implacable. Orion, le seul représentant de la gent masculine que la déesse aurait pu un jour aimer, un chasseur sauvage comme elle et incroyablement habile. Le seul digne d'attirer son attention avant qu'elle ne réalise sa nature cruelle et monstrueuse envers les Nymphes de l'Olympe et même elle, la chaste déesse de la Chasse...
Au fil du temps et des mythologies, la mort du géant avait revêtu plusieurs formes : celle des flèches de la déesse et celle du Scorpion. Le vaillant Scorpion monté au ciel après avoir mis un terme à la cruauté du géant violeur. Nul ne savait la vérité parmi les humains actuels. Seule la déesse et Hélios en restaient les dépositaires. Mais une chose était certaine, depuis cette histoire, jamais plus Artémis n'avait laissé aucun homme, hormis son père et son jumeau, l'approcher. Son dégoût latent n'avait fait que grandir et se muer en méfiance envers tout sentiment amoureux envers eux...
Les hommes ne savent que faire le malheur des femmes. Là où nous sommes porteuses de vie, eux ne savent que détruire. Pourquoi autant de mes soeurs se sont laissées prendre par ce piège qu'est l'amour ?
Non pas qu'Artémis détestât la frivole Aphrodite mais elle ne pouvait oublier la cruauté du destin de sa mère, les circonstances de sa naissance, de celle de son jumeau et les amours malheureuses de celui-ci. Qu'il s'éprenne d'hommes ou de femmes, le résultat était le même, Apollon avait beau être le plus beau des dieux, il n'en était pas pour autant épargné par les aléas de l'amour...
Tout cela ne faisait que conforter la déesse de la Chasse en sa décision, elle était heureuse ainsi et comptait bien le rester. Soudain, les paroles d'Arès lui revinrent en tête. Faire une chasse à l'homme ? Comment avait-il osé lui suggérer cela.
Misérable mâle...Un regard courroucé avait échappé à la déesse de la Lune alors qu'elle progressait sur la route menant aux divers temples. Soudain ses poings se serrèrent à en saigner. Son regard était devenu si dur que les Nymphes tremblèrent. Si puissante et sauvage pouvait être la puissante Artémis. Capable de tuer sans remord, exactement comme son aîné. Pour elle, le châtiment immédiat du coupable n'était que justice. Son cosmos brilla brutalement avant de retomber aussi vite. Un cri de rage étouffé suivait avant que la déesse ne se reprenne totalement. La nature, en tout cas, n'avait pas été sourde. Déjà, les plantes et les animaux accouraient. Tout se régénérait autour d'elle, dissimulant aux yeux des autres l'insulte faite à la face de son jumeau.
Du temple des Arts et de la lumière, ne demeurait que des ruines. Le reconstruire prendrait du temps et la déesse ne pouvait que se rendre à l'évidence. Elle n'en manquerait pas mais en même temps, elle n'était pas Apollon. Le temple qu'elle reconstruirait aurait son empreinte à elle, en attendant que son frère ne revienne.
Apollon...Des larmes brillaient au coin des paupières de la déesses aux flèches d'argent. Elle ne pouvait se pardonner d'avoir été incapable de lutter face à Angron. C'était cela le pire. Tout était aller trop vite et la pauvre Diane n'avait pu que fuir pour sa seule survie. La déesse n'en voulait pas à son incarnation. Diane avait combattu vaillamment et sauver bien des vies dans l'enceinte de Sparte. Elle y avait même laissé sa meute. Une Meute qu'elle comptait bien récupérer...
Les autres chiens l'approchèrent soudain, ramenant entre leurs crocs tout ce qu'ils avaient pu récupérer dans les ruines du temple. La haine viscérale qu'Arès portait à son demi-frère s'était exprimée avec cette rage qui lui était si coutumière mais il n'avait pu tout détruire. Non, Apollon n'était pas abattu et viendrait le temps où les comptes se régleraient. En l'attente, Artémis devait se soigner et récupérer les molosses qu'elle avait laissé sur terre...
Son propre temple n'avait pas souffert, aussi rien ne la retenait pour l'instant. Pour le bien de tous et le sien, mieux valait qu'elle s'éloigne. Le temple de la Guerre débordait de cris, de sang, de fureur. Arès s'en était donné à coeur joie et cela ne faisait qu'amplifier l'ire sourde qui menaçait de la jeter toutes griffes dehors contre lui pour laver l'honneur de son jumeau. Une nouvelle bataille contre son frère n'était pas à faire. Elle se devait de se contrôler, de montrer sa force et sa maîtrise. Et puisqu'il l'avait aiguillée vers la terre, elle lui montrerait qu'elle était capable de résister à la tentation d'une chasse à nulle autre pareille.
" Père, mon père, je ne vais pas à l'encontre de votre volonté mais je ne peux laisser ma Meute livrée à elle-même et puis, comme vous, j'ai le sens de la justice. Si rien ne peut effacer les dégâts que Diane a provoqué, qu'au moins un peu de baume soit offert en réparation... "Et peut-être plus s'ils ont pris soin de mes chiens...Cette décision prise, elle laissa encore son cosmos baigner les lieux, les soignant de toute la douceur dont elle était capable avant de rassurer les Nymphes. Un court moment s'écoula ensuite, entre gestes rassurants et soins. Puis, ce fut l'envol. Personne ne pouvait se targuer de retenir Artémis, pas même les Nymphes...
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Sparte