« Deux cappuccinos s’il vous plait, c’est pour emporter. »
Ce n’était pas la première fois que l’émissaire de Sparte se retrouvait dans la Grosse Pomme pour affaire, et ce n’était surement pas la dernière. Mais pour une fois qu’il avait l’occasion de passer par Central Park, il n’allait certainement pas le faire avec son véhicule.
« Merci, gardez la monnaie. »
Tendant un billet de vingt dollars à la ravissante caissière qui le remercia d’un grand sourire, le chauffeur s’en alla alors, son cigare à la bouche et deux cafés en main en direction de son prochain rendez-vous, en usant cette fois de ses deux jambes.
Comme toutes les énergies cosmiques des potentiels, celle-ci était faible, mais déjà bien plus grande que ne l’étaient celles de ceux et celles pour qui le cosmos représentait soit une fleur, soit l’infinité de l’univers. Aussi la repérer et la suivre, même dans le plus grand espace vert de New York fut chose aisée.
*Sterling Zedouâne…*
Se repassant le dossier du jeune homme dans sa prodigieuse mémoire photographique, le chauffeur, achevant de boire son cappuccino d’un pas tranquille, se rapprocha de l’adolescent à présent allongé dans l’herbe, l’esprit vraisemblablement occupé à percer les mystères de son propre destin.
Pour un élu du cosmos encore non initié, la découverte de ses propres capacités était toujours une expérience traumatisante. Le monde des Hommes avait beau avoir inventé des fusées, des avions et des téléphones portables, il demeurait toujours désespérément hermétique aux pouvoirs infinis du cosmos. Rien ne pouvait préparer un esprit à la découverte du plus grand don accordé à l’humanité, rien dans ce monde en tout cas.
*Fichus Olympiens, maintenant le monde entier se pose des questions sur l’incident des Nations Unies. Certains y voient déjà la fin des temps… Et le pire, c’est qu’ils pourraient bien avoir raison.*
Tachant de ne plus penser au dernier coup d’éclat du dieu de la Guerre à seulement quelques kilomètres de là où il se trouvait, l’émissaire de Sparte rassemblait ses pensées sur sa nouvelle mission et sur ce potentiel recevant maintenant à son tour la visite qui allait changer sa vie à jamais.
*Dire qu'il y a quelques heures à peine, Arès et l’Olympe ne devaient être que des mythes pour eux…*
Une grossière erreur qui avait le don de faire sourire le chauffeur. Pour ceux et celles qui en revanche comme l’émissaire de Sparte avaient eu la chance de voir le jour dans le monde secret des dieux et du Cosmos, cela en était certes pathétique, mais nécessaire. L’Homme n’était pas prêt à savoir qu’à chaque seconde, sa vie était mise en jeu dans un jeu divin qui durait depuis la nuit des temps, du moins, l’Homme lambda, et du moins, jusqu’à aujourd’hui…
« Sterling Zedouâne ? »
Arrivé à un petit mètre du jeune homme fixant le ciel, le chauffeur stoppa ses pas dans l’herbe juste devant sa nouvelle mission, son éternel sourire sur le visage et la partie supérieur de son visage dissimulée dans les ombres de sa casquette.
« Salutations. »
Et s’inclinant alors en prenant garde de ne pas renverser le café restant qu’il avait dans la main gauche, le chauffeur le lui tendit comme un petit présent qu’on offre à une première entrevue.
« Cappuccino ? »