Apocalyspe now (Sibérie orientale)

 La menace vient d'ici

Une autre journée touchait à sa fin alors qu’Hélios disparaissait peu à peu derrière l’horizon. A peine troublés par les cris légers de quelques espèces d’oiseau pleurant le départ du soleil, les autochtones s’en revenaient de leur entrainement journalier.

Bientôt Hypnos leur offrirait le sommeil et dès le lendemain, ils reprendraient leur formation avec un entrain toujours renouvelé. Ainsi se passaient les choses en ces terres préservées du temps. Des lieux qui bien qu’hostiles, avaient autrefois accueillis jusqu’aux plus grands guerriers.

Quatre guerriers, quatre noms, quatre lieux.

Et soudain dans le lointain quatre grondements semblable au tonnerre dans le lointain, quatre cieux chargés de sombres nuages et d’éclairs menaçant. Est-ce le divin manieur de foudre qui s’avance ? Non, ces éclairs ne sont pas de son fait. Leur couleur n’est porteuse d’aucune majesté. Rouge comme le sang, ces manifestations de puissance brutes n’annoncent qu’un sort funeste à ceux vers qui ils se dirigent.

Qui donc s’avance sous couvert de la nuit vers ces lieux sacrés ? Qui donc va ce soir verser le sang des anciens compagnons des plus grandes légendes humaines du siècle passé ?

Un vent brûlant s’engouffre alors au cœur des habitations humaines. L’apocalypse est en marche, et désormais nul ne saurait l’ignorer. Le tonnerre devient grondement, le grondement devient hurlement de rage et de fureur, un souffle portant l'ombre et la flamme en son sein.

Immense et mortelle, la mort plane déjà sur ces lieux autrefois oubliés. Portée par de large ailes tantôt de cuir, tantôt d’acier, les émissaires du carnage s’invitent à la danse cosmique déjà commencée.

Tombant du ciel comme la foudre, d’immenses colonnes de flammes s’écrasent sur les habitations et les Hommes situés en contrebas avant qu’ils ne puissent réagir. Ce soir la mort est flamme, ce soir la mort est ailée.

Piquant alors droit sur les survivants de son souffle ardent, c’est une masse de griffes, de crocs et de cosmos qui déchire maintenant ceux que croise son regard.

Simultanément, en quatre points du globe, en quatre lieux bien connus des chevaliers sacrés, les flammes s’élèvent dans le crépuscule, révélant de leur lumière la forme mythologique de ceux se faisant ce soir fléau du genre humain.


Les flammes laissent place aux larmes, au sang et aux cris de vengeance. L’alerte est lancée, le message est envoyé via de rapides messagers, et le message est unique.

Des dragons ! Par la déesse des dragons nous attaque ! A l’aide ! A l’aide !

Les défenseurs tiendront aussi longtemps qu’ils le pourront, mais comment de simples apprentis pourraient vaincre de telles créatures crachant colère et flamme ?

Vite chevaliers ! Les vôtres sont en danger, leur besoin est grand !

HRP:

Cendres… Cendres et fumées.

Derrière la masse imposante de ces montres de légende ressuscités par la folie d’un dieu, un paysage de cauchemars s’étend à perte de vue.

Monceau de cadavres brisés, calcinés, laissés à pourrir à la face de la Lune. Champ de ruines fumantes, rougeoyantes, encore dévorées par les flammes. Lieux autrefois plein de vie et d’espoir, désormais témoins de l’impuissance de ses défenseurs face à la fureur sans bornes des hérauts de l’apocalypse.

Plus rien, il ne demeure plus rien de ce qui fut jadis un territoire rattaché au sanctuaire sacré. Cette victoire revient au carnage, au sang, et à la guerre dans sa forme la plus brutale. Cette nuit, il n’y aura pas de chant ou de poème pour célébrer la victoire des forces de l’amour et de la vertu. Ce soir, les morts allumeront de petites chandelles, et s’en iront plonger dans les ténèbres de l’Hadès avec pour seules compagnes, leur haine et leur vengeance contre un sort injuste, contre un univers indifférent et impitoyable.

Soulevant dans leur sillage les restes calcinés de ceux ayant tenté de les retenir, les dragons cherchent encore la moindre trace de vie, la moindre structure intacte qu’ils pourraient détruire de leur griffe et broyer de leur croc.

Mais plus rien ne retient leur regard de braises, plus rien ne demeure debout à présent en ce paysage de mort.

Plus rien ne les retient ici désormais, leur mission est un succès éclatant, et leur maitre les rappelle.

Déployant une fois encore leur larges ailes de cuir et d’acier, la douce clarté de Sélène est de nouveau éclipsée par leur ombres gigantesques s’éloignant vers la montagne du pouvoir où les attends l’ivresse de la victoire et du sang versé au nom du dieu des cranes.

Ne laissant rien derrière eux si ce n’est la mort et la ruine, le vent porte en ces lieux comme le murmure d’un rire guttural, le rire du seigneur des batailles qui se sait seul vainqueur de ce massacre.

  Retour en Olympe

HRP: