J’ai été tiré de
là-bas (tu paies rien pour attendre fichu serpent, je m’occupe de ma demi-sœur et je reviens me faire une ceinture avec ton cuir).
Si prêt, tu étais si prêt d’obtenir ton macabre trophée, seigneur des arènes. A seulement quelques centimètres de la nuque fine et fragile de ta demi-sœur. Quelques centimètres encore et tu aurais éliminé un obstacle de plus sur le chemin du trône de ton père. Quelques centimètres qui auront suffi à te faire échouer.
Sans que tu ne puisses y répondre, le sol sous tes pieds se dérobe, l’arène tout entière semble s’effondrer comme si on lui en avait retiré les fondations. Totalement pris au dépourvus, tu chutes avec le sable vitrifié et les imposantes dalles de pierre au cœur des entrailles de l’arène t’ayant servi de chrysalide, perdant de vue cette tête que tu as tant souhaité détacher de ses épaules.
De tes yeux, tu cherches à présent ton point d’atterrissage, tu prépares tes jambes décharnées pour un saut qui te renverra à ton trophée, mais les secondes se suivent, et aucun fond ne vient te réjouir, pire, une détonation titanesque engourdit tes sens et te ballotte dans les airs.
Tu perds tous reperds, le monde devient sombre et flou, tu ne distingues plus que gravats et poussières. Ton propre corps t’apparaît désormais étranger, revêtu d’une étrange substance argentée suintant de tes muscles décharnés. Est-ce là ta nouvelle chair ? Tu ne te poses même pas la question, car la seule chose t’animant en cet instant, c’est la mort de ta demi-sœur.
Ecartant alors tes membres pour stabiliser ton vol, le vent t’emporte brutalement vers le bas, ou vers tout du moins ce qui te semble être le bas. Toute l’arène semble bouger alors que tu chutes en ses entrailles. Quelle étrange sensation...
Les ténèbres t’entourent, et bientôt tu ne distingues plus rien. La lumière t’a abandonné mais tu t’y accommode, plus encore que tu ne l’aurais crus possible, est-ce un autre des pouvoirs que tu reçus de la Ruine lorsque tu la pris en ton sein ? Peut etre. Toujours est-il qu’à présent, tu y vois aussi bien au cœur des ténèbres qu’en plein jour, et qu’à ta grande surprise, tu chutes au centre d’un tunnel aux murs lisses et sans aspérités. Un piège, un piège dans lequel tu es tombé.
Qui ? Qui a bien put le préparer ? Etait-il à ta seule attention ? Non, cela, même toi tu le sais impossible. Aucun plan n’aurait pu prévoir tes actions à ce point, aucuns stratèges n’auraient pu imaginer que tu te tiendrais ici, à ce moment précis, après avoir autant affaiblis les défenses de l’arène. Personne à moins de pouvoir connaitre l’avenir.
Cette seule pensée te donne la nausée, la notion de devin t’étant à jamais méprisable du fait du jumeau maudit d’Artémis. Ce batard puant d’Apollon, le prochain sur ta liste.
Tes rêves de vengeance sont alors troublés par un terrible choc causant l’arrêt pur et simple de ta chute vertigineuse contre l’une des parois te faisant face. Que s’est-il passé ? L’arène semble à présent couchée sur le côté ou plutôt, elle semble s’etre fait heurter violemment par quelque chose d’assez imposant pour l’avoir retourné.
Est-ce Artémis ? Aucune chance. Cette mégère frigide serait même incapable de soulever ton arme, alors une arène tout entière…
Trop de temps s'est écoulé depuis ta dernière rencontre avec ta demi-sœur, vos retrouvailles te tardent déjà, et beaucoup trop de pierre te bloquent le chemin.
Chargeant alors tes haches de ton pouvoir nihiliste, tu les abats avec violence contre la roche t’emprisonnant, et alors devant toi, un passage se creuse au rythme de ton pouvoir dévastant ce qu’il rencontre. La lumière du jour perce au bout du tunnel, et d’un bond, tu la rejoins, fumant encore de l’accélération prodigieuse que tu viens de réaliser.
De satisfaction, tes traits se déforment, ta propre vitesse à crue de manière exponentielle avec ce petit affrontement. Tu sais que tu n’es pas encore à ton apogée, mais tu sais qu’elle approche. La mort d’Artémis te consacrera, elle marquera ton grand retour comme dieu du sang, comme preneur des cranes.
Et alors que tes sens te révèlent le monde t’entourant, tu restes un instant ébahis par le paysage qui t’entoure.
Sparte… Où est passé Sparte ? Ou sont les maisons des apprentis ? Ou sont les champs, les montagnes, les arènes ? Et quel est ce monde nouveau qui t’entoure à présent ?
Sautant au cœur de ce qui te semble un vaste escalier creusé dans la roche, tu fais maintenant face aux plus immenses grilles que tes yeux ont jamais contemplées. Un ouvrage si imposant qu’il semble ne pas avoir de fin.
Pourtant pas un instant tu n’hésites à abattre tes haches sur cette merveille, elle ne t’est rien d’autre qu’un obstacle, une chose sur ton chemin, une chose à abattre.
Et pour la première fois de ta vie, tu rencontres quelque chose qui te résiste. Tes haches sont repoussées nette, et les grilles demeurent immaculées, sans même la moindre trace de ton attaque.
Quel est ce prodige, quel est cet endroit ?
Tes mains effleurent à présent cet alliage apparemment indestructible et à leur contact, les grilles s’ouvrent silencieusement comme par miracle. Sans le savoir, tu viens de mettre l’Olympe entier au courant de ton retour en son sein.
Tu franchis maintenant le seuil de ces grilles millénaires, et au goutte à goutte, le souvenir de ces lieux te reviens à présent. Tu es ici dans la demeure de ton père, ici à l’entrée de la montagne des Dieux.
L’Olympe, synonyme même de pouvoir et de puissance, résidence des douze dont tu fais partie, lieu du grand sommeil du roi des dieux.
« Non… »Pourquoi ici ? La réponse t’es venu dès que ton esprit songea à Zeus. Artémis n’est pas venue ici par nostalgie, elle se sait incapable de te stopper, elle sait que sa seule chance de survie réside entre les bras du père de l’Olympe.
Tes sens la recherche inlassablement, mais elle t’échappe malgré tout. Son cosmos est trop faible, et tes sens pas assez aiguisés. Peu importe, tu sais où elle va, elle ne peut aller que là.
« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! »Tes pieds arrachent le sol à chacune de tes foulées alors que tu files à présent de toute ta vitesse vers le temple du roi des dieux. Tu laisses derrières toi les ruines de l’arène Maximus et le mystère de sa présence en ces lieux sans même y songer. Pour toi le monde est simple, c’est tuer ou être tuer, et à ce jeux tu n’as pas ton pareil.
Temple de Zeus à la poursuite d’Artémis